Marianne Catzaras | Tunisia

Ce petit rictus 

Enfermé dans la nuit de l’exil 

C’est le tien Aziz 

Qui titube sur le corps des cadavres  

Cette dernière grimace 

Qui réveille les spasmes 

C’est ton nom 

Qui l’a façonnée  

Ce bourdonnement du naufrage  

Qui tourne dans nos têtes 

Cet exil entassé à l’exil  

Cette jeune femme qui court derrière l’été  

Ce soleil explosé 

Entaille le paysage  

Je le porte en moi 

Comme l’enfant qui porte sa mère morte  

Sur les frêles épaules de la mémoire  

Comme cette balle 

Qui traverse la chambre  

De la terre promise  

Et l’exil entassé à l’exil  

Assoiffe les hommes  

Se moque des gisants  

Aziz 

Je n’ai pas remorqué  

Le bateau avarié  

Qui voulait accoster  

Ne leur as-tu pas dit 

Que nous sommes nés cadavres  

Ne leur as-tu pas dit 

Que sur notre visage 

Du côté droit 

Une petite fleur est née  

Ilyès ton ami 

Ne se remet pas du drame  

Le soir il joue 

Avec 

Les corps sur la plage  

Avec 

Le ressac 

Il dessine des barques  

Il ressemble à une fille  

Ilyès  

Il a inventé un royaume  

Et attend ton retour  

Sur la pointe des pieds  

Une couronne à la main  

Et sa robe de satin  

Il les a vus 

Les passeurs  

Ilyès 

Il les a entendus  

Et dans son sommeil le soir 

Il dit le nom de ses amis  

Karim Mehdi Angor Augustin  

Mais c’était toi  

Son préféré 

Toi pour qui 

Son cœur battait  

That little rictus 

Locked in the night of exile 

That is yours Aziz 

Which stumbles over the corpses 

That final grimace 

Which stirs up spasms 

That is your name 

Which shaped it 

That buzzing sound of the shipwreck 

Spinning in our heads 

That exile piled upon exile 

That young women chasing summer  

That shattered sun  

Cuts into the landscape 

I carry it within 

Like the child carrying its dead mother 

On the fragile shoulders of memory 

Like that bullet 

Crossing the room 

Of the promised land 

And the exile piled upon exile 

Dries up men with thirst 

Mocks the lifeless 

Aziz 

I did not tow 

The damaged boat 

That tried to dock 

Did you not tell them 

That we were born corpses 

Did you not tell them 

That on our faces 

On the right side 

A little flower bloomed 

2  

Ilyès, your friend 

Has not recovered from the tragedy 

At night he plays 

With 

The bodies on the beach 

With 

The breaking waves 

He draws little boats 

He looks like a girl 

Ilyès 

He invented a kingdom 

And waits for your return 

On tiptoe 

A crown in hand 

Wearing his satin dress 

He saw them 

The smugglers 

Ilyès 

He heard them 

And in his sleep at night 

He says the names of his friends: 

Karim, Mehdi, Angor, Augustin 

But it was you 

His favorite 

You for whom 

His heart beat 

Mais que fait cette vieille dame 

Elegante a souhait  

Endormie dans mes bras  

Et que l’on réveille pour manger  

Que fait -elle  

Il faut la maintenir en vie  

Encore un peu  

La langue maternelle  

Pure impure  

Innocente coupable  

Bienveillante et maudite  

C’est elle qui a brouillé ma mémoire  

Mais quelque part  

Quelque part  

Il y a bien un « il était une fois «  

Mais c’est le meme bateau  

Qui rôde dans ma mémoire  

Epelez mon nom lentement lentement  

Répétez mon nom lentement lentement  

Pour que je m’en souvienne  

But what is this old lady doing? 

Elegant as can be 

Asleep in my arms 

And being woken up to eat 

What is she doing? 

We must keep her alive 

A little longer 

The mother tongue 

Pure, impure 

Innocent, guilty 

Benevolent and cursed 

It’s she who has clouded my memory 

But somewhere 

Somewhere 

There is indeed a “once upon a time” 

But it’s the same boat 

Which prowls in my memory 

Spell my name slowly, slowly 

Repeat my name slowly, slowly 

So that I remember it 

Curriculum Vitae Marianne Catzaras